Lise Pressac Non classé Deux Français, un Belge, un Suisse et un Canadien sont dans un gîte

Deux Français, un Belge, un Suisse et un Canadien sont dans un gîte

Et à part de la truffe, des cèpes et du confit de canard ils n’auront que Facebook et Twitter à se mettre sous la dent.

Le régime sec de l’info durera toute la semaine, vendredi les cinq cobayes retrouveront leurs apports journalistico-nutritionnels habituels :

-Au réveil : une bonne dose de France Inter

-Dans le métro : quelques clics sur lemonde.fr et rue89 depuis son Iphone

-A la machine à café : Le Parisien (le sien, histoire d’être sûr d’en avoir un sous la main à la conférence de rédac du matin)

-10h-13h : zapping sur BFM TV, I-Télé et errances facebookiennes

-13h pétantes : le 13h de France 2

-14h-20h : la même chose qu’entre 10h et 13h

-20h : la grand- messe de Pujadas

-de 20h35 au coucher : la même chose qu’entre 10h et 13h et qu’entre 14h et 20h

Bien sûr il existe quelques variantes à cette journée type : rien n’empêche de remplacer Inter par Europe 1, RTL ou RMC et Elise Lucet par Jean-Pierre Pernaut.

Mais il est déconseillé à tout journaliste d’avouer à ses collègues que son maître à penser s’appelle Jean-Jacques Bourdin, au risque de n’avoir personne à qui parler à la machine à café.

Revenons-en au Périgord. Sans y aller.

J’ai moi-même voulu tenter l’expérience dans un huis-clos sur rails.

Le TGV Saint-Etienne-Paris de 10h14 ce lundi matin, arrivée initialement prévue à Paris gare de Lyon à 12h57. C’était avant que le contrôleur ne nous annonce un « dérangement de signalisation à proximité de Mâcon », retard estimé : 30 à 40 minutes.

Voilà ma seule information de l’extérieur.

L’info venant de mes réseaux sociaux est moins obscure que celle des chemins de fer.

Sur Facebook vers 10h c’est justement « le huis clos sur le net » qui fait parler de lui (comme quoi mes amis sont à la page). En « Une » également la neige qui tombe à gros flocons (je soupçonne certains de mes contacts d’être des inconditionnels de Pernaut, manquerait plus qu’ils soient journalistes !).

A 11h les premières annonces de concerts et autres invitations à des apéros festifs commencent à affluer mais abondent aussi des statuts suicidaires ou meurtriers, normal c’est lundi !

Je n’apprendrai pas grand-chose si ce n’est que les Etats-Unis vont reprendre les évacuations de blessés haïtiens, c’est bien parce que je suis « friend » avec France 24…

Sur Twitter y a forcément plus d’infos, fréquence des tweets oblige.

On y parle du « huis clos sur le net », bien sûr, de la neige, du hand, des régionales, des Grammy Awards, de Total qui ferme une usine malgré des bénéfices indécents.

J’apprendrai grâce au Monde que l’hôtellerie est en crise, que le e-commerce est en plein boom, qu’il y a eu un énième attentat en Irak.

Autres sources, autres infos : les votes pour élire « le plus beau cul du monde » sont (enfin !) ouverts et Depardieu apporte son soutien à Georges Frêche. Pour cette dernière info je ne veux pas trop m’avancer, la communauté espiègle de Twitter a promis de pimenter l’expérience des cinq journalistes reclus en tweetant n’importe quoi pendant une semaine… C’est peut-être leur première déconnade, non ?

En tout cas au bout de trois heures je peux déjà la tirer la conclusion de leur huis clos : sur les réseaux sociaux il est important de bien choisir les personnes qui nous informent et de savoir démêler le vrai du faux. CQFD.

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