Lise Pressac Non classé Indignes et vous

Indignes et vous

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« Un livre qui a le format d’un fascicule qu’on peut trouver dans une banque ou chez le médecin et qui se vend à des milliers d’exemplaires forcément ça fait polémique. Pourtant le contenu est autrement plus intéressant qu’un mémo sur les grains de beauté dangereux ou sur le prêt à taux zéro. »

 

Voilà comment débutait le billet que j’avais commencé à écrire lors de la sortie d’ « Indignez-vous » de Stéphane Hessel. L’un de ces billets jamais achevé parce que tout avait déjà été dit et/ou parce le soulagement à écrire aurait été inférieur à l’énervement qu’auraient suscité chez moi les réactions haineuses à ce billet.

Il faut l’avouer : lorsqu’on écrit, on comprend que tout le monde ne soit pas d’accord avec soi, et heureusement même !

Et on aime à débattre si cet échange est fait dans le respect mutuel. Le but n’étant pas de convaincre l’autre qu’on a raison mais de comprendre et respecter son point de vue.

Mais il y a des sujets qui ne permettent pas toujours une discussion sereine.

Dans ce billet je voulais parler des multiples raisons qu’il y avait encore de s’indigner aujourd’hui et dire à quel point ce texte pouvait être source d’inspiration.

Mais alors impossible de dissocier le texte de son auteur et d’empêcher les détracteurs de Stéphane Hessel de trouver là l’occasion de cracher sur lui.

Oui, cracher.

Les mêmes qui, son cadavre encore chaud, n’ont pas hésité à l’insulter.

C’est ce qui aujourd’hui me pousse à finalement écrire ce billet.

Je ne parle pas de ses idées, de son engagement, de ses combats, de ses convictions qu’on peut évidemment contester.

Je parle d’un homme, même pas en terre, qu’on insulte.

Le premier coup est venu de Richard Prasquier, président du CRIF, qui publiait cet indigne communiqué quelques heures après l’annonce de son décès.

Ce président du Conseil Représentatif des Institutions juives de France qui ne respecte pas l’interdiction de maudire un juif, qui piétine la tradition qui veut que le deuil soit vécu dignement dans le respect du disparu.

Car même si Hessel a offensé par ses prises de positions, l’offensé doit lui pardonner.

Tous les juifs religieux qui ont participé à la campagne de dénigrement ont donc transgressé et devront – au plus tard au prochain Kippour – s’amender pour leurs fautes envers la famille du défunt qu’ils ont sali intentionnellement.*

 

Les moqueries ensuite sur les réseaux sociaux.

Stéphane Hessel, tout grand homme qu’il était (oui ce n’est que mon avis), n’échappe pas à la tendance du RIP cynique ou moqueur, comme le rappelait Guy Birenbaum dans sa chronique du lendemain

[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/xxufcw_emouvez-vous_news?start=2#.UT7tmtFlX2s[/dailymotion]

Ce jour-là les hyènes ont fait plus de bruit que les crocodiles.

Ces hyènes n’ont-elles pas de famille ?

Pensent-elles au jour de leur mort et à ce que leurs proches ressentiraient si c’était sur leur corps que l’on crachait ?

Assurément non.

Parce que selon eux il y a des défunts qui ne méritent pas d’être respectés et les autres.

Et je pense à ce reportage édifiant des « Infiltrés » sur France 2, consacré au commerce funéraire.

On y voyait des employés de pompes funèbres profiter de la souffrance des familles pour les arnaquer, des thanatopracteurs et des croque-morts maltraiter les corps dont ils avaient la charge.

Dépouille qu’on prépare dans un garage, à proximité de toilettes.

Corps frigorifié, laissé trop longtemps sur le lit d’une maison de retraite qui ne s’est pas occupée – comme elle le doit – du transport de son pensionnaire.

Que tous ces êtres indignes n’oublient pas que nous sommes tous égaux devant la mort.

 

 

*merci à Manuela pour les références talmudiques

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