C’est la magie de la SNCF : parfois voyager en première classe vous coûte moins cher qu’en seconde.
Et quand on prend le premier train de la journée on se dit que ce sera justement l’occasion d’être au calme, de profiter du luxe de pouvoir étaler ses jambes à sa place isolée, de dormir.
C’est en tout cas ce que je croyais jusqu’à ce que je découvre ma place.
En face de moi – dans un compartiment ouvert de six places – un couple et son bébé, beaucoup plus réveillé que moi, à ma gauche une mère voyageant seule avec ses deux têtes blondes, beaucoup moins angéliques qu’elles n’en ont l’air.
Ce voyage s’annonce long.
Parce que les parents n’ont aucune intention de se lever, se balader pour calmer leur progéniture quand elle commence à gêner tout un wagon.
Je me dis que je n’ai vraiment pas de chance et que le retour en soirée la semaine prochaine se passera mieux.
Ce sera pire. J’ai droit à une place isolée face à face avec une dame qui m’a l’air civilisé.
Mais à côté de moi – dans ce fameux compartiment six places qu’ils feraient bien mieux de barricader – une famille italienne et ses trois enfants âgés de deux mois à six ans.
Sympathiques ils ont décidé que nous devions tous regarder ou au mieux écouter le film « Cars » et de peur qu’on en profite pas tous ils mettent le son de façon à ce que personne n’en perde une miette.
Je tente alors mon regard noir aux yeux bleus, je les regarde avec insistance, à deux doigts de leur proposer des écouteurs, peut-être ont-ils simplement oublié d’en prendre.
Mon italien est très approximatif, je connais quelques insultes mais je vais éviter.
Ma voisine qui avait décidé de lire souffle et referme son bouquin.
Moi je décide d’aller à la voiture-bar déserte.
Et je me dis qu’en fait la première classe est simplement devenue la classe où tout est permis.
Peut-être parce que le fait de payer plus cher vous donne tous les droits dont celui d’em…le monde autour.
Et si quelqu’un proteste vous pouvez toujours lui répondre : « j’ai payé ma place moi Madame ! ».
Tout comme payer la première classe donne le droit d’engueuler un contrôleur du retard qu’a pris le train : « non mais vraiment on en peut plus de la SNCF, toujours la même chose, toujours en retard et ils nous disent jamais pourquoi et nous on paie notre billet Monsieur. »
Le train avait cinquante minutes de retard, moi aussi ça m’a embêté je devais me lever à 4h30 le lendemain pour aller travailler, j’avais pris exprès celui-là pour profiter plus longtemps du soleil charentais… si encore j’avais raté le dernier métro peut-être aurais-je été moins impassible.
Plutôt que de m’énerver je discutais avec une dame âgée à côté de moi, nous nous disions qu’il y avait quand même plus grave dans la vie comme les inondations au Pakistan etc.
Sans faire de délit de faciès les deux personnes qui se défoulaient sur ce pauvre contrôleur n’avaient aucun RER à rater et n’ habitaient sans doute pas très loin de la gare Montparnasse.
Le train ne roule pas à la même vitesse pour tout le monde.
Peu importe du moment que j’avance et surtout que mes idées ne restent pas arrêtées.
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Non mais sans blague… D’ailleurs je ne saurais pas comment faire 😉
Par contre je sais parfaitement qu’il ne faut JAMAIS prendre une place dans les face à face, que ce soit en première ou en seconde,
mais toujours une place côté couloir aux 3/4 du wagon : cela évite les groupes et les familles avec bébés hurleurs et aussi le chuit chuit de la porte qui donne accès aux autres wagons et permet enfin d’aller se dégourdir les jambes sans être obligé de sauter par dessus son voisin qui s’est endormi et bouche absolument l’accès au couloir…
C’est ça aussi la bouteille…
Bonjour, et bravo pour la description de ce voyage, mais pour le correzien que je suis, le TGV Lille-Paris, le métro parisien, et le « tacoze’ Paris province,empruntés la semaine dernière ressemble en effet à une leçon de sociologie, avec le meilleur et le pire,en fonction de l’état d’esprit dans lequel on est le caractère romantique s’en trouve plus ou moins altéré.