Le sommeil commence à revenir, difficilement.
Les larmes ont toujours du mal à sécher, prêtes à poindre à toute lecture, toute écoute, toute vision d’un événement en lien avec l’avant, le pendant ou l’après.
La pensée vagabonde à des choses futiles, mais jamais trop longtemps.
Se droguer à l’info, aux enquêtes, aux débats.
Retourner les événements dans tous les sens, tentant d’appréhender ce qui ne peut l’être.
Parfois, on oublie.
Parce que la réalité est trop douloureuse.
Comme lorsqu’on perd un proche.
Même après sa mort on continue de le voir partout, on est certain que c’est lui, on va jusqu’à lui sourire, vouloir le prendre dans ses bras.
Puis la vérité nous secoue.
Comme un électrochoc.
Ce n’est pas lui. Puisqu’il est mort.
C’est arrivé. Ce n’était pas qu’un mauvais rêve collectif.
Dans les premiers temps il a fallu allumer la radio, la télé pour que la réalité nous rappelle à son mauvais souvenir.
Le silence était tout aussi insoutenable que le bruit assourdissant de ces jours d’horreur.
Lire, écouter les témoignages. Pleurer.
Voir les hommages, les funérailles. Pleurer.
Se rendre sur les lieux. Pleurer.
Vivre la marche républicaine. Pleurer. Différemment. Ensemble.
Et les conséquences.
Ces musulmans stigmatisés, à qui certains demandent de se désolidariser d’illuminés, de condamner plus fort que les autres.
Ces juifs qui songent à émigrer en Israël, se sentant plus en sécurité dans un pays en guerre qu’en France.
Colère et tristesse infinies.
Non ce n’est pas un malien musulman qui a sauvé des juifs.
C’est un humain qui en a aidé d’autres.
Je suis Charlie, je suis journaliste, je suis caricaturiste, je suis policière, je suis juive, je suis musulmane, je suis catholique, je suis bouddhiste, je suis athée.
Plusieurs de ces affirmations sont vraies, mais ce sont les autres qui comptent.
1 thought on “Plus de mal que de peur”
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