Lise Pressac Non classé Voile, vuvuzela en veux-tu en voilà

Voile, vuvuzela en veux-tu en voilà

S’enflammer pour des histoires de décibels ou de bouts de tissus de trop, de l’énergie bien mal dépensée.

Un voile en chasse un autre, lorsque ce n’est pas celui d’une conductrice c’est celui d’une présentatrice.

Je suis étonnée qu’on ne propose pas une loi pour interdire aux journalistes de s’adapter aux coutumes du pays dans lequel ils se rendent.

Porter le voile, comme toutes les femmes en Iran, cela s’appelle du respect.

Tout simplement.

Cela ne veut pas dire adhérer au régime politique du pays.

Plus choquant que Laurence Ferrari qui porte le voile, le discours d’Ahmadinejad, non ?

Apparemment pas.

Et voilà qu’aujourd’hui ce qui agite nos ondes, nos télés et nos journaux ce sont les vuvuzelas.

Je ne sais pas s’il y a dans l’histoire un autre exemple d’un mot inconnu de tous un jour, sur toutes les lèvres le lendemain. Internet ? GSM ? Al Qaida ?

La coupe du monde se joue en Afrique du Sud, il ne faut pas s’attendre à ce que les supporters jouent de la flûte de Pan.

Le son de ces vuvuzelas dérangent nos oreilles tout comme le voile dérange nos yeux d’européens à l’esprit étriqué.

La polémique est saine, du moment que sa raison en vaut la peine.

On préfère épiloguer sur les gros mots d’un joueur de foot auprès de son entraîneur plutôt que s’interroger sur ceux tenus par un ministre.

S’indigner d’un voile plutôt que d’essayer d’améliorer le quotidien des Français.

Le son des vuvuzelas nous empêche d’entendre le bruit des sans-papiers qui ont obtenu des avancées dans leur demande de régularisation après trois semaines de lutte, le mécontentement des syndicats face à la réforme des retraites, la détresse des sinistrés de la région de Draguignan.

25 morts et sans doute plus dans des inondations, 53 en février après le passage de la tempête Xynthia.

Cela se passe en France, en 2010.

Un pré-rapport du Sénat rendu public le lendemain des inondations (hasard malheureux du calendrier) constate que les conséquences de Xynhia ont été

« aggravées par de graves défaillances* dans l’anticipation du risque de submersion marine. Et ce dans toute la chaîne de gestion du risque* : une prévision* qui n’a pas permis d’anticiper correctement les risques à terre ; une vigilance* insuffisamment opérationnelle ; une prévention* insuffisante du risque de submersion marine ; une occupation des sols* exposant au risque d’inondation ; une gestion des digues* critiquables. » [*en gras dans le communiqué du Sénat]

Quand on sera de nouveau scandalisé par ce genre d’informations je reprendrai sans doute goût à la polémique.

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